« Le sentier est unique pour tous,
les moyens d'atteindre le but
varient avec le voyageur. »
Proverbe tibétain
Mardi 16 juin 2020 - Confinement jour 94
Voici le quatre-vingt-quatorzième jour de ce processus de confinement et nous sommes bien vivants dans cette situation de crise où nous ignorons l’étendue des traumatismes dus au confinement.
Les nuées ont envahi le ciel sur la mer. En cours de matinée, elles s’effilochent et laissent passer un soleil lourd. Les hirondelles continuent leur farandole dans les airs. La plage se remplit petit à petit.
Qu’est-ce qu'une prévision ? C’est un ensemble de techniques ayant pour but d'évaluer ou de conjecturer d’une situation à une échéance plus ou moins lointaine. La prévision du temps, des budgets, des recettes, sont des exemples que nous effectuons régulièrement. Le temps est une illustration parfaite. Beaucoup de personnes regardent les prévisions météorologiques pour connaître quel temps il fera demain. Ce que beaucoup de gens oublient, c’est qu’une prévision n’est qu’une simulation météorologique pour prédire le temps. Il n’y a aucune garantie qu’une prévision soit exacte.
Les scientifiques ont créé des modèles afin d’effectuer une prédictibilité d’un événement ou de son évolution. Je prendrai comme exemple l’épidémie du covid-19. En mars 2020, les médias s’appuyaient sur le modèle construit par The Imperial College of Science qui permettait de simuler la propagation du virus SARS-CoV-2. Or, les médias et les politiciens ont oublié qu’une simulation n’est pas le reflet de la réalité. Aussi pertinent que soit un modèle de simulation de la propagation d’un virus, il ne reste qu’une fiction intellectuelle.
Pourquoi ? D’abord, il y a un gouffre entre la réalité et la simulation. En effet, la réalité est beaucoup plus complexe que n’importe quelle simulation. L’interaction humaine est un des éléments qui est difficile à mettre en équation. Les économistes le savent malgré toutes leurs tentatives de créer un algorithme de prédictibilité du marché ; leurs tentatives se sont soldées par des échecs. Vu nos connaissances actuelles, il n’y a aucun moyen de connaître l’évolution des décisions humaines dans le temps.
Ensuite, toutes les simulations effectuées dans un laboratoire sont trop simplifiées pour correspondre à la complexité de notre monde. Les humains interagissent avec leur semblable, mais aussi avec les objets et les animaux. Nous vivons dans un univers interconnecté où chaque élément possède son importance. Enlever un seul de ces éléments est la simulation change complètement. Aucun laboratoire ne peut se comparer à l’échelle planétaire.
Enfin, il n’y a jamais assez de données pour rendre fiable une simulation. La collecte de plus en plus d’informations ne suffira jamais à permettre une simulation conforme à la réalité. Il y a un moment où le volume d’informations dépasse la capacité humaine de compréhension des phénomènes. À l’heure actuelle, aucune machine ne peut remplacer l’intelligence humaine et emmagasiner les données nécessaires pour effectuer un traitement adéquat de toutes les informations.
En conclusion, les modèles ne sont que des indicateurs ne reflétant aucunement la réalité. Les résultats de ces modèles ne peuvent en aucun cas être considérés comme exacts. Aucune formule mathématique ne peut englober toute la complexité du comportement humain. Même si la tendance des courbes indique une certaine direction, en aucun cas les gouvernements ne devraient effectuer leurs décisions sur elles. Le citoyen devrait avoir toujours le dernier mot.
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Pessimisme médiatique sensationnaliste
Durant la crise sanitaire, les conséquences sociétales, politiques et économiques de la dérive du langage médiatique furent pernicieuses. Au quotidien, la surabondance d’informations souvent contradictoires, les effets des mots excessifs et superfétatoires dans le discours des médias et des politiciens témoignèrent d’un manque flagrant de clairvoyance et de distance vis-à-vis de la réalité de la maladie du covid-19. Les ego assoiffés de pouvoir et de contrôle ont créé dans leur mental un monde d’illusions qu’ils ont voulu implanter dans celui des citoyens dans un lavage de cerveau pour reconditionner leur libre arbitre. Auront-ils réussi à les lobotomiser sur le long terme ?
Les messages, partiaux, arbitraires et dénués d’objectivité, telles une litanie menaçante et une mauvaise rengaine toxique, ont contaminé les pensées des citoyens en les noyant sous des flots de nouvelles alarmantes et en les inquiétant à outrance pour paralyser leur faculté de réflexion. Atteint dans son énergie vitale, le citoyen est devenu l’ennemi de lui-même en offrant au côté « sombre de sa force » des armes de délation, de méfiance, de défiance, de rejet, de xénophobie, de fanatisme, d'ostracisme, de désunion, etc.
Cette épidémie verbale s’est propagée pour aboutir à une torpeur générale, intellectuelle et morale, où les manifestations de la vie ont été oblitérées. Le rôle des médias, qui se sont adonnés au pessimisme dans un sensationnalisme de l’information, sera-t-il remis en cause ?
Durant cette crise, les médias, qui déshonorent leurs valeurs, ont voulu garantir leur avenir en jouant les démagogues et en affectant de soutenir les intérêts des lecteurs dans le seul but de s'attirer leur fidélité et d’augmenter leur auditoire. Où est passée la bonne foi ? Ils se sont discrédités en faisant défiler de l’info en continu, en faisant tourner les mêmes images, en recyclant les mêmes mots. Les citoyens, devenus des victimes consentantes, dont l’intelligence a été remplacée par des pulsions basées uniquement sur les peurs, dont le ressenti a primé sur le réfléchi, se sont laissés hypnotiser par ce défilé informatif dommageable. De par leur attitude digne de Tartuffe, nombre de journalistes ne sont plus en mesure d’exercer pleinement leur rôle de contre-pouvoir démocratique. Les médias se sont embourbés dans un mode de fonctionnement parfois difficile à décrypter dont ils auront de la difficulté à se défaire. Y a-t-il encore quelqu’un à bord de l’avion de la déontologie journalistique ? Qu’en est-il de la responsabilité des journalistes vis-à-vis des citoyens qui n’a cessé de diminuer jour après jour durant le processus de confinement ? Y aura-t-il une charte des devoirs professionnels des journalistes pour éviter de tels dérapages à l’avenir ?
Le fiasco des mesures liberticides du confinement auxquelles nous avons assisté durant la crise sanitaire, relayées dans des proportions inacceptables par la machine médiatique, se révélera sous la plume des historiens.
Durant la crise, les rôles des acteurs décisionnaires sur le front de l’épidémie, aux ego renforcés, se sont confondus et empiétés sur la scène de la vie pour donner un spectacle navrant et hautement préjudiciable.
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