« Il y a trois
sortes d'hommes politiques :
ceux qui troublent l'eau
;
ceux qui pêchent en
eau trouble ;
et ceux, plus doués,
qui troublent l'eau
pour pêcher en eau
trouble. »
Arthur
Schnitzler
Samedi 23 mai 2020 - Confinement
jour 70
Voici le soixante-dixième
jour de ce processus de confinement et nous sommes bien vivants dans cette
situation de crise où l’OMS déconseille le port du masque et des gants par les personnes
en bonne santé dans les espaces collectifs.
Le ciel
s’illumine dès le matin de bonne heure. La température est restée élevée
pendant la nuit. L’été semble s’installer pour de bon sur la côte d’Almeria.
Notre société
est malade, elle n’est pas atteinte par le covid-19. Cette épidémie a mis en
lumière de nombreux dysfonctionnements. D’abord, il est maintenant évident que
l’individu, l’être unique que nous sommes tous, n’est pas le centre de notre
démocratie. Je peux même affirmer qu’il a la position la plus basse dans
l’échelle des valeurs de notre république. La première position, ce sont les
idéologies ; c’est-à-dire que la hiérarchie prime sur tout, les politiciens
tenant le haut du pavé. La deuxième est la vie ; pas n’importe quelle vie, une
vie floue, une vie sans contours, une vie robotisée, une vie collective ; une
vie aussi informelle, sans particularités, sans saveurs, sans différences, uniforme
et normalisée. La troisième est la nation ; tous les sacrifices sont réclamés
au nom de cette idée, la liberté, notre existence, nos biens et nos richesses.
La crise
sanitaire du coronavirus met en évidence que les gouvernements n’ont rien à
faire, rien à foutre, des citoyens. Ils s’en moquent. Ils ont mis en place des
mesures contraignantes et coercitives afin d’imposer leur contrôle et leur
maîtrise des populations. L’existence de chaque individu a été piétinée par
leurs arguments, par leurs mensonges et leur idéologie. Chaque personne unique
a été reléguée comme simple variable dans leur modèle scientifique. Chaque être
humain a été réduit comme une simple viande traitée comme une machine biologique
par les virologues et les politiciens. Les citoyens ont été considérés, au
mieux, comme une gêne dans le processus, voire comme l’ennemi qu’il fallait
mater pour que l’opération soit une réussite. Ce faisant, le peu de confiance
que les gens avaient en eux s’est effrité irrémédiablement.
Qu’est-ce qui
fait la valeur d’une société ?
Les individus.
Chaque individu unique apporte ses différences, ses rêves et ses qualités pour
construire la société. Les structures, les institutions et les autorités
permettent le développement de chaque personne selon ses capacités et ses
désirs. Or, les valeurs se sont inversées, les citoyens sont devenus les
serviteurs du système. Ils ne sont plus l’élément principal et primordial pour
fonder une société. Les politiciens oublient l’être humain unique et individuel
au profit des organisations : la finance, les entreprises, les institutions,
etc. Cependant, ils négligent le fait que ces organisations sont des outils au
service du citoyen et non l’inverse. Quand ils ont sauvé les banques, ils l’ont
fait pour le bien de l’économie, sous prétexte que si l’économie s’effondre, ce
sont les gens qui vont en pâtir.
Est-ce vrai ?
Est-ce que les banques contribuent au bien-être de l’ensemble de la population
? Non ! L’objectif des banques est de gagner de l’argent, peu importe le
bien-être des citoyens. Quand les entreprises sont aidées, est-ce pour le bien
de tous ? Non ! Est-ce le rôle de l’État de se substituer aux marchés ? Non !
Si une entreprise a des difficultés, c’est qu’elle n’est plus efficace ; aider
ses finances ne permettra pas d’augmenter sa performance face à la concurrence.
Le problème, c’est que dans tout cela l’individu unique est oublié, alors qu’il
devrait être le centre de la société. Les banques sont là pour que les gens
puissent déposer, emprunter et placer leur argent. Les gens sont un rouage
important des entreprises, souvent sous-estimés. Ils sont les clients, les
fournisseurs et les travailleurs du système. Les considérer comme le problème
de l’entreprise (les fameuses charges), c’est oublier que sans l’être humain
ces entreprises ne sont rien.
Hélas, la
confiance envers la société ou les entreprises s’est envolée. Quand la
confiance a disparu d’une institution démocratique, cela veut dire qu’elle n’existe
plus, elle n’a plus aucune valeur.
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